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un peu de viande ou de poisson salé. Ces aliments sont apprêtés à l’huile de sésame, de ricin ou de menthe, avec force saumure ; car le lait et le beurre sont inconnus, et l’on ne sait pas faire usage de la graisse des animaux. On ne trouve que difficilement de la viande de bœuf, si ce n’est à la capitale. Il n’y a pas de viande de mouton, c’est le chien qui la remplace, et les missionnaires s’accordent à dire que le goût n’en est nullement désagréable. En fait de légumes, il n’y a guère que le navet, le chou chinois, et les feuilles de plantain et de fougère dont on fait grande consommation. Pour boisson ordinaire on a l’eau dans laquelle a été cuit le riz. Le vin se fait avec du blé ou du riz fermenté. En été les nobles boivent beaucoup d’eau-de-vie de riz, et d’eau de miel. Le thé n’est pas inconnu dans les maisons des riches, mais l’usage en est très-restreint.

Le repas à peine terminé, on enlève les tables et chacun allume sa pipe, car les Coréens sont grands fumeurs. Il est rare en ce pays qu’un homme sorte sans sa pipe. La forme est la même que celle de la pipe chinoise : un long tuyau de bambou avec un foyer en cuivre, et une embouchure de même métal. Chaque Coréen porte toujours avec lui un briquet dont il se sert exclusivement pour allumer sa pipe. À la maison, quand il a besoin de lumière, il emploie des allumettes soufrées. En route, une torche composée de trois ou quatre bâtons entrelacés, remplace nos lanternes. Quelquefois, en été, au lieu d’une lampe dans l’intérieur de la maison, on allume du feu sur une pierre au milieu de la cour, et tous les membres de la famille travaillent à la lueur de ce feu, pendant qu’un amas d’herbes sèches, brûlant à quelque distance, les enveloppe d’une fumée épaisse destinée à chasser les moustiques et autres insectes.

Les habits coréens sont toujours d’une ampleur exagérée. Le corps passerait facilement dans chaque jambe du pantalon ou dans chaque manche de la veste. Pour sortir, le bon ton exige que l’on porte le plus d’habits possible, deux ou trois pantalons, deux ou trois chemises, quatre ou cinq redingotes en toile, suivant la solennité et aussi suivant les ressources de chacun. La redingote se fixe sous les bras par deux bandelettes, lesquelles remplacent les boutons inconnus dans le pays. Les habits sont supposés être blancs, mais il en coûte trop de les entretenir suffisamment propres, et le plus souvent la couleur primitive a disparu sous une épaisse couche de crasse, car la malpropreté est un grand défaut des Coréens. Il n’est pas rare de voir les riches eux-mêmes porter des vêtements déchirés et remplis de vermine.