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la terre pétrie ; c’est là-dessus qu’est étendue votre natte. La fumée et la chaleur passant par ces tuyaux pour sortir de l’autre côté de la maison font arriver jusqu’à vous une chaleur bienfaisante qui, grâce à l’épaisseur des pierres, se maintiendra assez longtemps. Vous voyez que les Coréens ont connu, bien avant nous, l’usage des calorifères. Il est vrai que la fumée passe en bouffées abondantes à travers les fentes du sol, mais il ne faut pas être trop délicat, et d’ailleurs, en ce monde, quelle est la bonne chose qui n’ait pas ses inconvénients ?

« Vous vous empressez de jeter un regard sur l’ameublement. Et d’abord, en fait de lits ne croyez pas découvrir quelqu’un de ces solennels amas de matelas avec baldaquin et draperies. Presque toute la Corée couche sur des nattes. Les pauvres, c’est-à-dire la grande majorité, s’étendent dessus sans autre couverture que les haillons dont ils sont revêtus jour et nuit. Ceux qui ont quelques sapèques se donnent le luxe d’avoir une couverture, et, dans la classe aisée, on y joint souvent un petit matelas d’un à deux décimètres d’épaisseur. Tous, riches et pauvres, ont dans un coin de la chambre un petit tronçon de bois quadrangulaire, épais de quelques pouces, qui leur sert de traversin. Quant aux autres meubles, les pauvres n’en ont aucun ; les gens du peuple ont un bâton transversal sur lequel est suspendu un habit de rechange ; les individus à leur aise ont quelques corbeilles hissées sur des barres de bois ou pendues au toit ; chez les riches on trouve des malles assez grossières ; les lettrés, les marchands sont assis près d’une petite caisse qui contient l’encrier, les pinceaux, et un rouleau de papier. Les jeunes dames ont une petite malle noire garnie de deux jupes, l’une rouge et l’autre bleue, l’indispensable présent de noces. Enfin chez les grands fonctionnaires et dans les maisons de la haute noblesse, on rencontre quelques livres chinois et des armoires vernissées de modestes dimensions.

« Maintenant, comment serez-vous habillé ? J’ai déjà parlé des sandales de paille, je n’essayerai pas de vous les décrire ; il faut les voir pour s’en faire une idée. C’est la chaussure ordinaire du pays, surtout dans les voyages. La semelle tressée en paille de riz protège un peu la plante du pied contre les cailloux, mais c’est là sa seule utilité. Aussi n’est-ce pas une petite mortification, dans les rigoureux hivers de Corée, de marcher avec des savates, les pieds dans la neige ou dans une boue glaciale. Pendant l’été, le seul inconvénient est de prendre quelquefois des bains de pieds ; mais lorsque l’eau n’est pas à craindre, votre