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le temple où l’on conserve les tablettes des ancêtres de la dynastie régnante ne vient qu’en second lieu. »

La partie principale de la religion des lettrés, la seule que connaisse et pratique fidèlement l’immense majorité de la population, est le culte des ancêtres. De là l’importance des lois sur le deuil, sur le lieu où doivent être placés les tombeaux, et sur la conservation dans chaque famille des tablettes des parents défunts. À propos des funérailles royales et des devoirs de parenté, nous avons déjà donné des détails sur le deuil et sur les tombeaux des rois ; voici maintenant, pour compléter, quelques notions sur les sépultures ordinaires et sur les tablettes.

Le choix d’un lieu d’enterrement est pour tout Coréen une affaire majeure ; pour les gens haut placés, on peut dire que c’est leur principale préoccupation. Ils sont convaincus que de ce choix dépendent le sort de leur famille et la prospérité de leur race, et ils n’épargnent rien pour découvrir un endroit propice. Aussi, les géoscopes et les devins, qui se font une spécialité de cette étude, abondent dans le pays. Quand le lieu de la sépulture est fixé et qu’on y a déposé le corps, il est défendu désormais à qui que ce soit d’y enterrer, de peur que la fortune ne passe de son côté, et la prohibition s’étend à une distance plus ou moins considérable, suivant le degré d’autorité de celui qui l’établit. Pour les tombeaux des rois, le terrain réservé s’étend à plusieurs lieues tout autour, et comprend les montagnes environnantes d’où l’on peut voir le tombeau. De leur côté, les grands et les nobles prennent le plus d’espace possible ; ils y plantent des arbres qu’il est défendu de couper jamais, et qui avec le temps deviennent de véritables forêts. Si quelqu’un parvient à enterrer furtivement sur une montagne déjà occupée par d’autres, cette montagne devient, aux yeux de la loi, la propriété du dernier inhumant, et dans ce cas, lorsque les premiers tombeaux appartiennent à des nobles ou à des gens riches, on fait déterrer les corps, sinon on se contente de raser les tombes et d’en faire disparaître la trace, en nivelant le terrain. De là des querelles, des rixes, des haines violentes qui, comme toutes les haines du Coréen, se transmettent de génération en génération.

La loi défend de déterrer le corps d’un individu appartenant à une autre famille, les parents du mort ont seuls le droit d’y toucher. Il y a quelques années, derrière la montagne où habitait un missionnaire, un riche marchand, qui venait de perdre son père, trouva un lieu de sépulture à sa convenance. Près de là étaient quelques tombeaux de nobles. La distance étant légalement