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même son mari, à cause de l’éclat fâcheux qui serait ainsi occasionné.

Quoique les femmes en Corée ne comptent absolument pour rien, ni dans la société, ni dans leur propre famille, elles sont entourées cependant d’un certain respect extérieur. On se sert en leur parlant des formules honorifiques, et nul n’oserait s’en dispenser, si ce n’est envers ses propres esclaves. On cède le pas dans la rue à toute femme honnête, même du pauvre peuple. L’appartement des femmes est inviolable ; les agents de l’autorité eux-mêmes ne peuvent y mettre le pied, et un noble qui se retire dans cette partie de la maison n’y sera jamais saisi de force. Le cas de rébellion est seul excepté, parce qu’alors les femmes sont supposées complices du coupable. Dans les autres circonstances, les satellites sont forcés d’user de ruse pour attirer leur proie au dehors, en un lieu où ils puissent légalement l’arrêter. Quand un acheteur vient visiter une maison en vente, il avertit de son arrivée, afin qu’on ferme les portes des chambres réservées aux femmes, et il n’examine que les salons extérieurs ouverts à tous. Quand un homme veut monter sur son toit, il prévient les voisins afin que l’on ferme les portes et les fenêtres. Les femmes des mandarins ont le droit d’avoir des voitures à deux chevaux, et ne sont point obligées de faire cesser, dans l’enceinte de la capitale, les cris des valets de leur suite, ce que doivent faire les plus hauts fonctionnaires, même les gouverneurs et les ministres. Les femmes ne font la génuflexion à personne, si ce n’est à leurs parents, dans le degré voulu, et selon les règles fixées. Celles qui se font porter en chaise ou palanquin, sont dispensées de mettre pied à terre en passant devant la porte du palais. Ces usages semblent dictés par le sentiment des convenances, mais il en est d’autres qui viennent évidemment du mépris qu’on a pour le sexe le plus faible ou de la licence des mœurs. Ainsi, les femmes, à quelque classe de la société qu’elles appartiennent, ne sont presque jamais traduites devant les tribunaux, quelque délit qu’elles puissent commettre, parce qu’on ne les suppose pas responsables de leurs actes. Ainsi encore, elles ont droit de pénétrer partout dans les maisons, de circuler en tout temps dans les rues de la capitale, même la nuit ; tandis que, depuis neuf heures du soir, moment où la cloche donne le signal de la retraite, jusqu’à deux heures du matin, aucun homme ne peut sortir, sauf le cas d’absolue nécessité, sans s’exposer à une forte amende.

Lorsque les enfants ont atteint l’âge de puberté, ce sont les