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connaître sérieusement leurs lois, leur caractère, leurs préjugés et leurs habitudes.

Quant à l’exactitude de ces renseignements, elle est aussi grande que possible. Cependant il ne faut pas oublier que la position des missionnaires, toujours cachés, presque toujours poursuivis, ne leur a pas permis, en certains cas, de vérifier par eux-mêmes ce qu’ils entendaient dire, et de comparer entre elles les mœurs des différentes provinces. Bien souvent, ce qui est absolument vrai dans une partie du pays, ne l’est que relativement dans une autre. Aussi l’illustre martyr, Mgr Daveluy, était l’interprète de tous ses confrères, lorsque, donnant dans une de ses lettres d’assez longs détails de mœurs, il ajoutait : « Ce que je vous envoie est peu de chose ; c’est incomplet, embrouillé. Peut-être, contre ma volonté, il s’y sera glissé quelque erreur ; mais j’ai fait de mon mieux. » Cette timidité consciencieuse dans un témoin, n’est-elle pas, pour les lecteurs sérieux, la meilleure garantie de la sincérité de ses paroles ?


L’histoire de l’Église de Corée est faite avec les lettres des missionnaires et les relations coréennes dont ils ont envoyé la traduction ; il n’y a pas d’autres matériaux possibles. Pour les temps qui ont précédé l’arrivée des prêtres européens, le plus grand nombre des documents ont été recueillis par Mgr Daveluy. Avant lui, on n’avait, sur les premières persécutions, que des fragments de lettres ou des récits isolés. En 1857, il fut chargé par un autre martyr, Mgr Berneux, de rechercher tous les documents chinois ou coréens existants, de les traduire en français, et de les compléter autant que possible, en interrogeant lui-même, sous la foi du serment, les témoins oculaires. Il était déjà bien tard, car ces témoins restaient en petit nombre pour les martyrs de la première époque, et la plupart des relations écrites avaient disparu dans les diverses persécutions. On verra dans le cours de cette histoire, au prix de quelles peines Mgr Daveluy parvint à accomplir sa tâche.

Je dois faire remarquer qu’il y a quelquefois des différences pour l’orthographe des noms propres de lieux ou de personnes, dans les lettres de diverses époques ou de divers missionnaires. Certaines lettres coréennes n’ont pas d’équivalent dans notre alphabet, et, en Corée comme ailleurs, la prononciation varie suivant les provinces ; chacun a reproduit de son mieux les sons tels qu’il les entendait. J’ai cru devoir respecter ces différences d’orthographe, jusqu’à ce qu’une règle générale de transcription