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de la conjonction ko. Ex : pallo-to ssao-ko, soneuro-to ssao-ko niro-to ssaoat-ta. Ils ont combattu des pieds, des mains et des dents. (Litt. par pied aussi combattre-et, par main aussi combattre-et, par dent aussi ils ont combattu).

Généralement les choses inanimées ne peuvent pas être le sujet d’un verbe. En pareil cas, on tourne la phrase d’une autre manière.

Quoique les verbes actifs gouvernent l’accusatif, le signe de ce cas est très-souvent omis après les régimes directs, surtout en conversation.


§ 4. — À quelle famille appartient la langue coréenne ?


Dans la classification des langues, l’élément fondamental est la ressemblance ou la diversité de structure grammaticale. La ressemblance ou la diversité des mots n’a qu’une importance très-secondaire. Or toutes les règles dont nous venons de donner un résumé, démontrent d’une manière évidente que le coréen appartient à cette famille de langues que l’on nomme généralement : mongoles, oural-altaïques, touraniennes, etc., et qui serait mieux caractérisée par le terme : scythiques ou tartares, puisque les mots : Scythes, chez les anciens, et Tartares, chez les modernes, ont toujours servi à désigner l’ensemble des peuples de la haute Asie.

Quels sont en effet les principaux caractères des langues tartares, par contradistinction avec les langues indo-européennes ?

Les langues indo-européennes ont des mots de genre différent non-seulement pour les êtres vivants, dans lesquels existe la distinction de sexe, mais aussi pour les êtres inanimés et pour les idées abstraites ; dans les langues tartares, au contraire, les noms sont tous neutres ou plutôt n’ont point de genre.

Les langues indo-européennes ont diverses déclinaisons pour les noms singuliers ; le pluriel y est toujours distinct et se décline d’une manière différente ; les terminaisons des cas, quelle qu’ait été leur origine primitive, sont devenues des changements ou flexions du mot lui-même, d’où leur nom de langues à flexions. Dans les langues tartares il n’y a qu’une seule déclinaison ; les cas se forment par l’addition de postpositions qui restent distinctes et séparables du nom ; le pluriel est indiqué par une particule spéciale jointe au radical, à laquelle s’ajoutent pour la déclinaison les mêmes postpositions qu’au singulier ; enfin, par une ressemblance curieuse, la postposition du datif est caractérisée dans un certain nombre de ces langues par la gutturale k, qui se trouve dans les langues du sud de l’Inde comme en coréen.