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livre. Il servira, je l’espère, à glorifier Notre Seigneur Jésus-Christ, l’auteur et le consommateur de notre foi, en montrant que son bras n’est point raccourci, et que sa grâce opère aujourd’hui les mêmes prodiges de conversion que dans les premiers siècles.

Peut-être aussi cette lecture contribuera-t-elle à dissiper quelques préventions, à redresser quelques idées fausses au sujet des missions et des missionnaires. Je ne parle pas des préventions et des erreurs des impies. L’homme qui a eu le malheur de renier son baptême, qui ne croit plus au Fils de Dieu fait homme pour nous, et à la rédemption par les mérites de son sang, cet homme-là, bien évidemment, ne comprendra jamais pourquoi nous allons prêcher Jésus-Christ, et travailler au salut des âmes. Mais, même parmi les croyants, il n’est pas rare de rencontrer des préjugés fâcheux et des notions inexactes. Les uns s’étonnent qu’il faille un temps si long pour convertir des peuples : ils trouvent mesquins les résultats obtenus quand les baptêmes ne se comptent pas par millions. D’autres, subissant à leur insu l’influence de cette théorie matérialiste qui prétend tout expliquer dans l’histoire des peuples par des différences de race et de climat, affectent de craindre que les conversions opérées ne soient pas solides, que ces nouveaux chrétiens ne soient, pour ainsi dire, d’une espèce inférieure aux chrétiens d’Europe.

Sans doute, ce qui s’est fait jusqu’à présent est peu de chose en comparaison de ce qui reste à faire ; sans doute il est douloureux de voir qu’aujourd’hui, dix-neuf siècles après la Pentecôte, les trois quarts du genre humain restent à convertir. Mais il ne faut pas oublier quel est devant Dieu le prix d’une seule âme ; il ne faut pas surtout que l’impatience de contempler le triomphe final et universel promis à l’Église, nous rende injustes envers les œuvres actuelles. La conversion des nations chrétiennes, dans des conditions beaucoup plus favorables, n’a été l’ouvrage ni d’un jour ni même d’un siècle.

Quant à la solidité des conversions, la foi nous apprend que Jésus-Christ est venu sauver tous les hommes, et qu’il a ordonné de prêcher l’Évangile de son règne à tous les peuples, d’où il suit nécessairement que tous les hommes sont aptes à recevoir et à garder la foi, que toutes les nations sont appelées à l’Évangile. Et en fait, le nombre et le courage des martyrs parmi les néophytes, en Corée comme au Tong-king et ailleurs, prouve bien que les chrétientés nouvelles ne sont inférieures à aucune des anciennes,