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s’étend à tous les états dans lesquels les hommes peuvent se trouver respectivement les uns aux autres.




CHAPITRE III. — de l’inégalité du droit naturel des hommes.


Nous avons vu que, dans l’état même de pure nature ou d’entière indépendance, les hommes ne jouissent de leur droit naturel aux choses dont ils ont besoin que par le travail, c’est-à-dire par les recherches nécessaires pour les obtenir : ainsi le droit de tous à tout se réduit à la portion que chacun d’eux peut se procurer, soit qu’ils vivent de la chasse, ou de la pêche, ou des végétaux qui naissent naturellement. Mais pour faire ces recherches, et pour y réussir, il leur faut les facultés du corps et de l’esprit, et les moyens ou les instruments nécessaires pour agir et pour parvenir à satisfaire à leurs besoins. La jouissance de leur droit naturel doit être fort bornée dans cet état de pure nature et d’indépendance, où nous ne supposons encore entre eux aucun concours pour s’entraider mutuellement, et où les forts peuvent user injustement de violence contre les faibles. Lorsqu’ils entreront en société, et qu’ils feront entre eux des conventions pour leur avantage réciproque, ils augmenteront donc la jouissance de leur droit naturel ; et ils s’assureront même la pleine étendue de cette jouissance, si la constitution de la société est conforme à l’ordre évidem-