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obtint ensuite la place de premier médecin-consultant de Sa Majesté. Cette dernière grâce fut précédée de la concession de lettres de noblesse, où les armes, trois fleurs de pensée, et la devise : propter cogitalionem mentis, avaient été données par Louis XV lui-même. Ce prince aimait beaucoup Quesnay, recherchait sa conversation, et l’appelait familièrement le penseur.

Dans le cours de cette brillante carrière, Quesnay avait publié successivement divers ouvrages de médecine, qui soutinrent la réputation qu’il s’était faite par son livre contre Silva[1]. Mais il n’avait pas concentré toutes ses méditations sur la science de guérir ; et il se livrait en même temps a des études qui, bien que d’un autre genre, ne laissaient pas d’offrir encore quelque analogie avec celles dont le corps humain est l’objet. La constitution normale de la société, les causes auxquelles on doit attribuer les souffrances qu’elle éprouve, et les moyens de porter remède à ces souffrances, tels étaient les graves problèmes que le médecin philosophe cherchait à résoudre, en faisant table rase de toutes les idées antérieurement émises, et en n’appuyant sa marche que sur l’observation seule et le raisonnement.

À la lumière de cette méthode, il reconnut, ce dont ne s’étaient pas douté les moralistes et les hommes d’État, que l’organisation de la société n’est pas tout entière l’effet de l’art, et que, loin de dépendre des institutions arbitraires de l’homme, elle est soumise, comme celle de l’individu lui-même, en ce qui touche sa conservation et son développement, à des lois immuables, résultat d’une nature des choses sur laquelle notre espèce n’exerce aucun empire. Ce point de vue nouveau lui révéla,

  1. Les ouvrages de médecine publiés par Quesnay sont : 1o Observations sur les effets de la saignée, Paris, — 1730 ; nouvelle édition, 1750, in-12. —2o Essai physique sur l’économie animale, avec l’Art de guérir par la saignée, ibid., 1736, in-12 ; 1747, 5 volumes in-12. — 3o Traité de la suppuration, ibid., 1749, in-12. — 4o Traité de la gangrène, ibid., 1749, in-12. — 5o Traité des fièvres continues, ibid., 1753, 2 volumes in-12. — 6o Observations sur la conservation de la vue, ouvrage imprimé à Versailles en même temps que le Tableau économique, et qui ne se retrouve pas plus que le dernier.

    La Biographie universelle attribue encore à Quesnay : Recherches critiques et historiques sur l’origine, les divers états et le progrès de la chirurgie en France, Paris, 1744, in-4o et in-12, 2 volumes ; reproduit sous ce titre : Histoire de l’origine et des progrès de la chirurgie en France, ibid., 1749, in-4o.