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NOTICE HISTORIQUE


SUR LA VIE ET LES TRAVAUX


DU MARÉCHAL DE VAUBAN.




Sébastien Le Prestre, chevalier, seigneur de Vauban, Bazoches, Pierre-Perthuis, Pouilly, Cervon, la Chaume, Épiry, le Creuzet, et autres lieux, maréchal de France, chevalier des ordres du roi, commissaire général des fortifications, grand’croix de l’ordre de Saint-Louis, et gouverneur de la citadelle de Lille, naquit, le 1er mai 1633, d’Urbain Le Prestre et d’Aimée de Carmagnol. Sa famille était d’une bonne noblesse du Nivernais ; elle possédait la seigneurie de Vauban depuis plus de deux cent cinquante ans[1].

En prononçant le nom du maréchal de Vauban, on éprouve un sentiment d’admiration et de respect qui tient beaucoup moins à la renommée militaire de ce grand homme qu’au souvenir de son éclatante vertu. Dans ce caractère antique, en effet, toute la gloire du soldat s’efface devant celle du citoyen, tant est rare et noble en soi le spectacle d’une longue carrière pure de cupidité, d’intrigue, et d’ambition personnelle. Vauban est une figure à part dans la monarchie de Louis XIV, et une figure auprès de laquelle, on peut l’affirmer, paraissent bien petites et bien vulgaires celles de la plupart des courtisans, des ministres, des généraux, des diplomates et des littérateurs du grand siècle ! De cette foule de célébrités distinctes, cataloguées par Voltaire, si vous retranchez les noms de

  1. Fontenelle, Éloge du maréchal de Vauban, prononcé, en 1707, devant l’Académie. — Vauban est, comme Buffon, l’une des gloires de l’ancienne province de Bourgogne. Il était né près d’Avallon, à Saint-Léger-de-Fougeret, dans la paroisse de Morvan, qui dépendait du baillage de Saulieu, et du diocèse d’Autun. On voyait encore, vers la fin du dix-huitième siècle, la maison où il avait reçu le jour ; un sabotier l’occupait. (Notes de l’Éloge de Vauban, par M. Noël.)