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— Vous, Mimi, vous préférez le gabarit américain ou anglais ?

— Nous voici aux prises avec les jeunes nationalistes ! dit Monsieur Legendre.

Il manie ces mots avec une espèce d’horreur, comme Mimi touche du bout des doigts aux vers et aux hameçons ; il dirait anarchistes, communistes, qu’il ne craindrait pas davantage de salir ou d’écorcher ses mains roses.

— Là-dessus, nous sommes d’accord, dirent les trois jeunes hommes en se jetant une œillade. Moment précieux qui marquait une consécration nouvelle de leur amitié.

— Vous êtes de l’école avancée. Paul Bouchard, c’est de votre école ?

— Nous pouvons admirer Paul Bouchard, répondit Maurice…

— Non, pas toi, dit Noël à la volée. Quand tu commences à distinguer, tu n’en finis plus.

— Le parti de la violence, continua Monsieur Legendre.

— La violence, la violence ! reprit Noël échauffé. Si Bouchard était un violent, voilà beau temps qu’il aurait embrigadé des chemises écarlates et exécuté quelque beau dynamitage !

— Vous préconisez la violence, Noël ?

Monsieur Legendre grognonnait.

— Oui. Vous savez ce que l’on fait avec les brigands sans foi, ni loi, ni conscience, ni peur, ni remords, ni entrailles ? On leur passe en douce un nœud coulant. Pas d’arrangement à l’amiable, pas d’arguties, pas d’ergotages, des actes, Monsieur Legendre, des actes !