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Chapitre VII

TROIS AMIS REGARDENT LE MONDE


Le convoi s’ébranla sous la traction haletante des deux locomotives, se tordit vers l’ouest, le long de la montagne, et s’enfonça dans l’embrasement du soir. Les madriers mal joints du quai craquaient sous le poids d’un gaillard membru qui saluait les arrivants.

— Bonjour, Ado !

— Bonjour Monsieur Legendre, et bonjour Madame Legendre, et bonjour Mademoiselle Mimi et Monsieur Maurice…

La pipe fumante à la main, Ado hésitait ; il examinait Jacques.

— C’est l’ami de mon garçon, dit Monsieur Legendre. Il s’appelle Jacques. Jacques, je te présente notre guide.

Ado avait remis son feutre. Il se dirigea vers la voiture. De sa grosse main couleur de terre, il secouait le culot de sa pipe contre la jante d’une roue. Le dernier sifflement de la locomotive s’était perdu au-delà des monts ; du bois où il s’était blotti, le silence refluait. Mathieu, le vieux cheval gris, s’émouchait, de la