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— Nous sommes à Québec dans cinq minutes, Lucien.

— Aie ! Aie !

— Mes agneaux, voyez comme votre oncle vous aime.

Jacques appliqua les freins et se tournant vers Lucien :

— C’est ici.

Lucien descendit en comblant le chauffeur de remerciements. Il s’éloignait lorsque tout à coup il se ravisa :

— Que dirait Madame Richard si je gardais Paule et André ? Ils dîneraient avec moi à l’hôtel ; nous retournerions tous les trois en taxi avant cinq heures.

Les petits avaient bondi hors de l’auto et criaient leur enthousiasme. L’oncle Paul jaloux de cette popularité insolite approuva sans joie :

— C’est bien. Ne les laissez pas courir la galipote.

Il prit place près de Jacques et la voiture repartit. L’oncle Paul avait allumé sa pipe ; à la première bouffée un peu satisfaisante, Jacques fit remarquer :

— As-tu vu Lucien Voilard ? Il simule le bon naturel. Cette invitation à Paule et André, il y pensait depuis le départ.

— Tu n’y vas pas en petits bas, mon garçon.

— Cet obséquieux se sent plutôt mal accepté parmi nous. Il en est pour ses frais avec moi. Des sourires patelins sous le retroussis de la moustache, des confidences insidieuses avec une tape sur l’épaule. L’autre jour, il m’a demandé : « Que feras-tu plus tard, Jacques ? Médecin ? Industriel comme ton père ? » Je lui apprêtais une réponse à l’eau claire