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et il éprouve le besoin d’un appui. Si l’un d’eux pouvait trouver un mot, un seul. Et André dit :

— Je n’ai pas fini mes problèmes…

Jacques l’embrasserait pour cet aveu ! Ah ! mais, les problèmes, ils les résoudront ensemble, demain matin, avant la classe, et Jacques expliquera tout par le menu ; Jacques fera la preuve par l’algèbre pour être plus sûr.

La bise fait pleurer les étoiles là-haut et le crissement de la neige sous les pas provoque des frissons qui rétractent la peau. On boira une tasse de chocolat bouillant chez le pharmacien du coin.

Après avoir conduit André au dortoir, Jacques ragaillardi, revint à l’étude ; il trouva sur sa table un billet du Père Vincent. Il était déserté de rancune contre le Père Vincent. Après neuf heures, au collège, les derniers échos du tumulte quotidien s’endorment sous les toits et le veilleur, qui ballotte une lanterne fumeuse par les corridors, traînasse ses savates dans le ronronnement venu de la chaufferie. Jacques et le Père Vincent causeraient longuement.

La nouvelle que le Père lui communiqua ne le surprit pas ; il ne pensa pas à la mort. Lorsque Jacques redescendit du dortoir une heure plus tard, sa valise à la main, André l’attendait chez le Père Vincent. André était assis sur le coin d’une chaise et clignotait ; il s’était peigné à la hâte et des gouttes d’eau s’écrasaient sur la serge bleu marine de son veston.

— Qui t’a dit de mettre ce complet ?

— Le Père Préfet.

Cela suffit ; c’est même trop. Le Père Vincent les regarde derrière ses grosses lunettes.