penchant un peu, on aperçoit le poste-vigie décoré d’un drapeau et l’écluse où attendent les péniches. La cuisine a une petite lucarne d’où l’on découvre un tas de cheminées et le lavoir de la rue Bichat ; mais pour voir les blanchisseuses qui tapent du battoir, Paul doit monter sur une chaise.
Les Chardonnereau habitent Paris depuis deux ans. Ils ont logé à l’hôtel, quai de la Rapée, puis au fond d’un passage ; enfin, à l’Hôtel du Nord, le jour où papa Chardonnereau a trouvé une place de camionneur chez M. Latouche.
Paul a onze ans. Quand il a terminé ses devoirs, il descend jouer sur le quai ; il court derrière les voitures avec ses camarades ou regarde pêcher à la ligne. Mais ce n’est pas toujours fête. Sa mère, une femme de ménage, travaille dehors toute la journée, et souvent il doit faire les courses à sa place…
Maman Chardonnereau a laissé une liste de commissions sur la table. Paul la fourre dans sa poche, prend le filet et dégringole l’escalier. Il s’arrête devant la « Chope des Singes », risque un œil ardent entre deux rideaux pour voir jouer au billard, traverse la rue et musarde aux étalages. Tout lui fait envie !