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glace, comme une Sibérienne, glaçon et tison, tour à tour. La comtesse de Lesbos, toujours hospitalière, consentit volontiers ; sur la recommandation de Madame de R., elle aurait tout accepté, les yeux fermés. Au soir indiqué, j’étais derrière mon observatoire, quand à dix heures, les trois dames firent leur entrée. La princesse russe, une ravissante blonde aux cheveux d’or pâle, avec des myosotis plein les yeux, à la figure pleine et ronde, marchait entre Blanche de S., et Agnès de P., La comtesse, après un salut cérémonieux, vient embrasser sans façon ses deux amies, hésitant devant la nouvelle venue ; puis, se décidant à tenter l’abordage, elle lui saute au cou, la baise sur les yeux, sur le nez, sur la bouche, qui reçoit ses baisers d’une lèvre glaciale. Excitée par son insuccès, elle accentue son baiser, cherche à lui décrocheter les dents pour lui prendre la langue ; la princesse reste insensible, les dents serrées. La comtesse court aux boutons électriques, sonne les soubrettes, qui accourent toutes nues. Sophie leur accorde à peine un regard indifférent ; elle se laisse cependant dépouiller de ses vêtements,