si je n’arrivais pas à lever un coin du voile.
Le lendemain, avant l’heure du bain, j’étais sur la plage, décidé à suivre partout la téméraire baigneuse. J’étais assez bon nageur moi-même, pour être sûr que là où elle irait, j’irais bien. Dès que je vis la dame s’avancer, suivie de sa soubrette blonde, je gagnai la cabine que j’avais retenue. Quand j’en sortis, après avoir pris mon temps, j’eus la satisfaction de voir la comtesse dans son costume de bain, prête à se jeter à l’eau. Pour ne pas paraître importun, j’attendis qu’elle se fût éloignée du bord, pour plonger à mon tour. Je nageais derrière elle, gagnant de la distance, et j’aurais pu la rattraper déjà, mais je n’étais pas encore bien fixé sur la façon dont je tenterais l’abordage, ne voulant pas m’imposer à elle ; nous avions déjà gagné le large pendant mes tergiversations, quand je la vis s’arrêter soudain, se retourner péniblement, se maintenir avec difficulté sur le dos, en faisant la planche : « J’ai la crampe, » me dit-elle, en m’apercevant. En deux brassées, j’étais près d’elle, et, passant ma main sous ses reins, je la soutins un moment. « Merci, monsieur, me