Page:D - La Comtesse de Lesbos, 1889.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’embrasse à pleine bouche. Ma brusque attaque la réveille, et, sentant que c’est un mâle qui l’assaille, elle s’écrie : « Quelle audace, maître Charles ! Mais je ne vous ai pas sonné, monsieur. Vous savez, d’ailleurs, que je suis revenue sur ma détermination, et que j’ai renoncé à faire l’essai que j’avais projeté pour cette nuit ; vous voyez bien aussi que je suis toute seule ; et ce n’est certes pas sur moi que je voulais tenter l’expérience. Eh bien, qu’attendez-vous pour vous en aller ? Faudra-t-il que je sonne ? — Madame, dis-je aussitôt, ce n’est pas Charles ; c’est… Je n’eus pas le temps d’achever. Assise sur son séant, la comtesse m’avait reconnu à la lueur de la veilleuse ; l’expression de colère qui altérait ses traits, avait fait place à un sourire un peu narquois, quoique bienveillant. « Que voulez-vous de moi, dit-elle ? Mais, au fait, comment êtes-vous là, dans mon lit ? » je lui racontai comment j’avais été amené à me cacher dans la garde-robe, attiré par sa beauté, retenu par mon amour, et comment j’avais surpris son secret, en devenant l’heureux témoin de leurs ébats amoureux. Je m’attendais à la