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mon sauveur, car vous m’avez un peu sauvée, que je refusais de le remercier ; en effet, je quitte Trouville demain. » Elle ne pouvait certes pas se présenter dans une tenue plus agréable pour moi ; et je laissais déborder de mes lèvres l’admiration, qui éclatait dans mes yeux. Après un entretien de quelques instants, je pris congé, effleurant du bout des lèvres, les doigts qu’on me tendait, en m’invitant à venir revoir leur propriétaire à l’hôtel de l’avenue de Messine.

J’avais à peine fait quelque pas dans le jardin anglais qui entoure la ville, que je m’arrêtai, pour jeter un dernier regard sur la prison qui gardait l’adorable merveille ; puis, pas à pas, machinalement, je revins jusqu’au perron ; la porte d’entrée était restée ouverte, je traversai le vestibule, et je me trouvai, sans savoir comment, dans le salon où l’on m’avait reçu, mais qui était plongé dans l’obscurité. Ma première pensée fut de retourner sur mes pas, et de m’enfuir ; un bruit de voix féminines, qui venait d’une pièce à côté, me cloua là. Au même instant une porte s’ouvrit, donnant passage à l’une des soubrettes, qui, une lampe à la main, traversa le