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balancent, ses lèvres s’entr’ouvrent, les dents s’entre-choquent, ses longs cils noirs s’abaissent sur ses yeux, elle lâche le trapèze, et je n’ai que le temps d’étendre les bras pour la recevoir sur mon sein, quand elle s’écroule pantelante, au risque de s’abîmer sur le tapis. Je l’enlève, je l’emporte vers le lit de repos ; mais, pendant le trajet, maître Jacques, ragaillardi par cette émoustillante scène, bat si violemment les cuisses de la belle inanimée, que celle-ci reprend ses sens à ce contact frappant ; et elle veut que je la serve là, tout de suite, debout. Je m’arrête pour souscrire à ses désirs ; je la repose sur le tapis, et, ployé sur les genoux, je me faufile dans la chaude prison, qui me reçoit assez facilement entre ses bords, lubrifiés par la rosée qui coule encore. Dès qu’elle est enchevillée, les deux ardentes Sévillanes, dont la flamme est loin d’être éteinte, sautent à cheval sur nos croupes : Dolorès sur celle de la comtesse, Conchita sur la mienne, nous entourent le cou de leurs bras, et se mettent à bondir sur nos reins, comme deux enragées, allongeant le cou,