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une véritable fête pour la jeune barine.

En dehors de ces corrections infligées sur le flagrant délit, la toilette ne s’achevait pas souvent sans que quelque fille de chambre, coupable d’une maladresse qu’elle croyait passée inaperçue, reçut vingt-neuf ou trente-neuf coups de cordes sur ses fesses nues des mains de la maîtresse ou de la jeune barine. Elles châtiaient la délinquante au moment de nous congédier.

Plus d’une, qui croyait s’en aller indemne, parce qu’elle n’avait pas reçu de bourrade pendant la toilette, s’entendait appeler par son nom. Cet appel donnait toujours le frisson à celle qu’il désignait. Elle savait ce qu’on lui voulait. Elle devait se trousser elle-même, tenant les deux pans de son peplum écartés, et présenter son derrière nu aux cordes qui lui tannaient les fesses, ce qui ne la dispensait pas d’aller comme les autres à sa besogne en sanglotant et le feu au cul.

Ma mère dirigeait la lingerie, je n’étais pas exposée à lui voir donner le fouet, comme le jour où on la fessa cruellement sous mes yeux.