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larmes sillonnent les joues, elle est absolument incapable de rendre le moindre service, on doit lui donner une remplaçante. Mais auparavant on va lui faire payer cher sa faiblesse.

Elle dut s’agenouiller, on écarta les pans du peplum, et la croupe apparut toute nue. La maîtresse, qui n’appliquait ou ne faisait appliquer d’habitude que vingt-neuf ou trente neuf coups de cordes ou de lanières, prit elle-même la nagaïka et lui donna sans compter de cinquante à soixante coups de cordes assénés avec force sur les fesses nues, sur les cuisses, entre les cuisses, faisant hurler la fouettée.

Elle avait voulu donner une leçon à la grande fille qui se moquait de ses compagnes moins vigoureuses qu’elle, et elle la lui donna bonne car elle lui avait mis les fesses en sang. Elle dut rester ainsi jusqu’à la fin de la toilette.

Deux jeunes serves, j’ai souvent rempli cet office, étaient à genoux devant la maîtresse pour lui passer ses bas de soie, et lui mettre ensuite ses souliers. Il fallait faire la chose si délicatement qu’au moindre