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de chambre, coupable cette fois de l’avoir déposée trop brusquement dans le bain. Elle vint s’asseoir en tremblant sur la sellette.

La maîtresse ne plongea pas comme d’habitude sa main dans l’eau. Je me demandais si elle allait la fesser à sec. Mais je vis bien pourquoi elle n’avait pas trempé sa main. Elle s’amusait à pincer la chair, la tordant sans ses doigts, ce qui devait joliment torturer la patiente qui sanglotait à fendre l’âme.

Quand elle eut dessiné ce qu’elle appelait des pattes d’écrevisses sur la peau, elle inaugura la fessée avec la main mouillée, qu’elle trempait après chaque gifle. Elle lui en distribua ainsi sans compter pendant plus de cinq minutes, la patiente ne cessa de se lamenter à haute voix. La main devait lui cuire. Les fesses rouges sur toute la surface étaient mouchetées par places de mosaïques sanguinolentes.

Le lendemain la pourpre des fesses avait disparu, mais les mosaïques étaient devenues bleues. Elles constellèrent la croupe pendant huit jours.

Je suis passée par les deux tortures, et