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Quand elles les renvoyaient au matin, les pauvres servantes à deux fins avaient le fil de la langue usé, et elles étaient éreintées d’avoir veillé et besogné toute la nuit, ce qui ne les dispensait pas de leur besogne quotidienne. Et si par malheur elles s’y endormaient, on les réveillait en leur levant les jupes ; et en leur appliquant cinq ou six fortes claques sur les fesses.

Mon éducatrice dut m’expliquer la chose, je ne l’aurais jamais soupçonnée.

J’eus l’occasion avant longtemps de me rendre compte que ce vice, qui me paraissait hideux à cette époque, existait. J’étais encore trop jeune pour servir aux plaisirs d’hommes, je n’avais pas encore douze ans, et j’étais toujours employée au service des femmes, mariées ou veuves, qui s’étaient contentées jusqu’ici de me fouetter et quelques fois très sévèrement.

Un soir, je dus me présenter devant une dame d’une quarantaine d’années à laquelle je devais mes services. Au lieu de me fouetter comme la plupart des visiteuses, elle me caressa les fesses que j’avais rondes et dodues,