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lantes. Il lui en coûta cent roubles. Il me dit en sortant que j’étais volée, qu’il avait joui pour mille. Je m’étais en effet tortillée tout le temps, me tordant sous la volupté que je goûtais, frétillant jusqu’à la fin du voyage.

Un an après mon émancipation, grâce aux largesses de mon libérateur, à mes leçons bien payées, et aussi grâce à mes bonnes fortunes, je pus monter un petit ballet à mes frais.

Je m’installai dans un faubourg de la ville dans une maison spacieuse, isolée de la rue, entre cour et jardin. J’avais fait choix de vingt-cinq danseuses plus râblées, plus fessues les unes que les autres, et toutes jolies. Je les avais louées pour un an, avec la faculté de les acheter à la fin du contrat, à un prix fixé d’avance, si elles faisaient mon affaire.

J’avais un maître de ballet, qui venait pour les répétitions, qui réglait les divertissements, et conduisait les danseuses au