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Nos adieux pendant deux heures furent du délire. Je ne cessai de jouir tout le temps sous mon bienfaiteur.

Quand il s’en alla, il laissa sur la table une enveloppe non cachetée et une bourse. L’enveloppe c’était ma liberté, la bourse, c’était une fortune pour moi. Il y avait mille roubles en or et en papier.

Je vis une lettre sur la table de nuit, où je ne l’avais pas aperçue. Elle était cachetée à son chiffre. J’étais très émue en l’ouvrant. Il y avait dedans une prolongation du bail de mon appartement pour un an, et l’engagement d’envoyer tous les mois pendant ce laps de temps le règlement des gages de ma femme de ménage, ainsi que de la pension au restaurant.

Il était riche, il est vrai, mais quel homme, assez généreux pour affranchir une serve qu’il avait achetée, qu’il pouvait revendre un bon prix pour s’indemniser, eût poussé la générosité jusqu’à lui donner une petite fortune, un abri pour un an, le gîte et le couvert ? Oh ! je le bénirai toute ma vie.


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