Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/432

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 66 —

et je me dirigeai en tremblant vers le pilori entre les six postérieurs palpitants des danseuses fouettées, agenouillées avec leurs maillots retournés au bas des cuises.

Je dus m’agenouiller sur le cousin, les genoux écartés. Une surveillante me rabattit le maillot en un clin d’œil sur les cuises et me fit étendre sur le billot. La directrice m’appliqua vingt neuf-coups de cordes, qui voltigèrent sur mes fesses et sur mes cuisses nues avec l’habileté consommée et la rigueur qui rendaient la correction si douloureuse.

J’avais joué des fesses malgré moi, mais je n’avais pas poussé un cri par un effort de volonté surhumaine, ne voulant pas servir de risée aux grands seigneurs, qui venaient avec leurs dames, après le théâtre, se régaler de cette gigue supplémentaire, si alléchante aux lumières, et qui riaient à se tordre, quand les fesses se secouaient furieusement et que les fouettées criaient comme des brûlées.

On ne me fit pas m’agenouiller auprès des grandes filles qui venaient d’être fouettées, bien qu’il y eût de la place. Je dus m’agenouiller dans la tenue penchée auprès