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dant je le précédais chaque fois dans le plaisir. Il me dit qu’il se proposait de me fesser ainsi de temps en temps.

Quand il me renvoya au matin, je n’avais pas les fesses présentables, et l’après-midi, je dus assister à la répétition en maillot.

J’eus l’occasion de lier connaissance avec la cravache de la directrice. Je revenais à reculons de la première marche, sans avoir trébuché. Je reçus cependant sans m’y attendre deux coups de la cinglante cravache, qui me piquèrent horriblement, comme sur la peau nue, sous la fine soie du maillot Je poussai un cri, mais je restai sur place. Les fesses me cuisirent jusqu’au soir.

Je dus continuer la répétition avec la souffrance intolérable de ces morsures, tremblant chaque fois que je revenais à la portée de la terrible « Sifflante », c’est ainsi que l’avaient baptisée les danseuses. Mais je n’en reçus plus de l’après midi.

Je poursuivis le cours de mes études chorégraphiques, toujours encouragée par la nagaïka ou le martinet pendant la répétition, la baguette et la cravache au moment du départ pour le théâtre, sans compter les fes-