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Il passa ensuite la revue de mon devant, me faisant pirouetter pour me présenter de face aux lorgnettes des stalles. Il fit jaillir mes tétons, les pressa, agaça du bout du doigt la pointe qui se dressa. Puis je dus tenir ma jupe de gaze relevée, de façon à montrer ma fourrure noire. Il passa ses doigts dans les poils, et s’informa, lui aussi, de la grosseur de l’hôte qui nichait dans ce palais satiné.

Je dus prendre place parmi les marcheuses. À l’aller, je suivis assez bien la cadence rythmée par le violon et la harpe. Mais pour le retour, je n’avais pas l’habitude de marcher à reculons, je trébuchais à chaque pas, perdant la cadence. Arrivée au terme fatal, la directrice me fit pencher et m’appliqua deux coups de cordes à tour de bras sur mes fesses nues, qui me cuisirent affreusement.

— C’est pour t’apprendre à marcher à reculons. Aujourd’hui ce n’est rien, mais demain tu seras servie comme les autres.

Je dus rester dans la posture indécente, dans laquelle les regards lubriques des spectateurs ne devaient rien perdre de mes charmes