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Je remarquai au milieu de la salle un billot de forme ronde matelassé avec un coussin devant, qu’on avait dû transporter là pendant notre absence. Je me demandai à quoi pouvait bien servir ce billot ? Eh ! parbleu, ce ne peut être que l’échafaud sur lequel on exécute les postérieurs des coupables.

Le surveillant tenait une liste à la main. Sur un signe de la directrice, qui lui annonçait sans doute que la séance était ouverte, il appela : « Daischa » ! À l’appel de son nom, une grande fille brune de vingt ans, que j’avais remarquée dans le second quadrille, sortit des rangs, les pommettes rouges, la gorge haletante, se dirigeant en tremblant vers l’échafaud.

Elle s’agenouilla sur le coussin. Une surveillante vint lui descendre le maillot jusqu’au bas des cuisses. Puis elle se pencha en avant, le ventre appuyé sur le billot, les bras en croix. Sa jupe de soie rouge, soulevée par le jupon empesé, semblait une capote de cabriolet. Le corps formait ainsi un arc de cercle, le postérieur très proéminent, dont le satin neigeux reluisait aux