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vait que de cordes ou de lanières de cuir, et même de la main, dont la peau gardait un souvenir cuisant, mais qui laissaient ces parties là présentables.

Toutes les pensionnaires, les élèves comme les danseuses en pied, étaient de la chair à plaisir, que les grands seigneurs, les hauts dignitaires de la cour, les officiers de la Garde impériale s’offraient à leur gré. Les Grands Ducs avaient naturellement le privilège du choix. Mais on ne les voyait que rarement à la répétition.

Seules, les gamines ne passaient pas par leurs mains. Mais l’intendant, la directrice, et le maître de ballet ne manquaient pas de s’informer chaque jour de la pousse de ces jeunes plantes en serre chaude. Dès qu’il y en avait une en état de supporter le choc, elle était inscrite sur le registre des garnitures de lit, que s’offrait le premier venu de ces débauchés, jeune ou vieux, qui venait d’assister à la danse de ses fesses nues, quand ce n’était pas le maître de ballet ou l’intendant qui se l’offrait.

L’armée, la cour, la haute aristocratie avaient donc libre entrée dans la salle de