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toile à une des filles de chambre, qui me passa également ma jupe de gaze. Puis l’essayeuse me passa une jupe de soie rouge vif, formant corsage, très évasé, la gorge nue.

Ensuite elle me conduisit dans l’un des appartements, que s’étaient réservés les Grands Ducs dans l’Institut, où nous dûmes attendre plus d’une heure, moi dans l’immobilité la plus complète, pour ne pas déranger la symétrie de l’ajustement, elle confortablement assise, attendant le bon plaisir des maîtres.

Une voiture roula dans la cour. Un timbre résonna. Elle se leva, pour attendre l’entrée des maîtres.

Un grand jeune homme blond, qui paraissait vingt-cinq ans environ, entra seul.

— C’est la nouvelle acquisition, dit-il, en me regardant d’un œil indifférent ?

— Oui, monseigneur.

— Elle se nomme.

— Mariska, monseigneur.

Il s’approcha de moi, regarda un instant ma gorge, la prit dans ses mains, palpa mes nichons pour s’assurer s’ils étaient durs,