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Les deux femmes de chambre vinrent m’essayer le maillot.

Je dus m’asseoir sur le bord d’un canapé. L’une me souleva la jambe, me tenant le pied tendu, l’autre fit glisser le maillot jusqu’à ce que le pied et la jambe fussent emprisonnés. Elle en fit autant à l’autre. Puis l’on me mit des babouches aux pieds, et je dus me mettre debout.

Elles durent se mettre à deux pour enfermer mes cuisses, qui étaient serrées dans cette soie collante, puis les fesses et le ventre qui entrèrent difficilement jusqu’au milieu. Comme le maillot était taillé pour s’ajuster à la ceinture, à partir de la cime des fesses, il avait la forme d’un entonnoir renversé. Depuis le milieu du ventre il était fendu pour que la circonférence put passer, et on le laçait comme un corset car il fallait qu’il collât de partout.

Le mien était outrageusement collant, j’étais serrée comme dans un fourreau. L’essayeuse me fit marcher pour savoir si le maillot ne faisait pas de pli. Elle m’inspecta sur toutes les coutures. Elle savait que le moindre défaut apparent lui valait une cor-