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durai une véritable torture toute la journée.

Le jeune barine et sa sœur organisaient de temps en temps des cavalcades d’un genre nouveau. L’hiver çà se passait dans un grand appartement chauffé, couvert d’un épais tapis, l’été sur une vaste pelouse, sur laquelle on avait tracé des pistes, ombragée tout autour par de grands arbres. Comme toutes les poupées vivantes n’étaient pas de taille à leur servir de monture, outre les grandes filles qui étaient à leur service, la boïarine leur prêtait les plus vigoureuses de ses filles de chambre.

Les pouliches humaines qui couraient dans l’appartement ou sur la pelouse étaient toutes nues, chaussées de fines bottes rouges. Elles se tenaient debout, le buste incliné en avant, les bras croisés. Le cavalier et l’amazone montaient à cheval en écuyer de cirque. Ils sautaient sur les reins nus de leur monture, à califourchon sur la croupe, les pieds passés dans des étriers suspendus à de larges ceintures serrées aux flancs de la monture, entourant le cou de leur bras.

Le jeune barine s’accrochait aux gros tétons de la pouliche humaine, car il choisis-