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des doigts de femme, je n’avais pourtant entendu entrer personne, me tripotaient comme des doigts habitués à ouvrir les huis fermés. Ils tiraient sur les lèvres qui s’écartèrent, et pendant qu’on les tenait entr’ouvertes, la tête de l’oiseau se faufila toute seule entre les barreaux de la cage. Toute seule non, car je sentis une autre main de femme qui la dirigeait. Elles étaient deux à m’offrir en holocauste au sacrificateur.

Le monsieur qui me tenait toujours dans ses bras, poussait, poussait encore, poussait toujours. Il poussa si fort, qui je sentis comme un coup de poignard qui me perforait, et je perdis connaissance en perdant mon sang.

Quand je repris mes sens, ce fut grâce à de l’eau fraîche dont on abluait mes parties ensanglantées. C’étaient sans doute les deux filles de chambre, qui avaient été chargées de présider au sacrifice, qui me donnaient leurs soins. Après m’avoir lavée et tamponnée, elles me relavèrent à une seconde eau, puis à une troisième.

Je souffrais horriblement de la déchirure.