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mais la bouche resta muette jusqu’à la fin. La sous-maîtresse, en la laissant, l’obligea à écarter les genoux, pour qu’on ne perdît rien de ce tableau vivant. Elle dut rester ainsi pendant qu’on fouettait la seconde.

La croupe opulente de celle qui attendait son compte contrastait par sa blancheur éclatante, avec le tapis rouge qui couvrait celle de sa voisine. Elle reçut les cinquante coups de lanières en criant miséricorde dès le premier, se tortillant dès le second, continuant la musique et la danse du croupion jusqu’à la fin de la correction, que la fouetteuse fit durer dix minutes.

La danse cessa peu à peu, mais la musique continua. Pas longtemps, car la maîtresse y mit fin en rentrant presque aussitôt et en l’envoyant se coucher. Elle emmena la blonde râblée, qui, si elle n’avait pas chanté, s’était mordu les lèvres.

Cette blonde replète était une orpheline de père et de mère, qu’une tante, qui en était embarrassée avait louée à la modiste, lui cédant tous ses droits sur sa nièce.