Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 44 —

qui vivaient d’elle. Je crois que si elle avait été seule au monde la marquise aurait passé un vilain quart d’heure, elle l’aurait étranglée comme elle le disait, quitte à payer sa vengeance de sa vie.

Il y avait trois mois que nos relations duraient, entre Yégor et moi, toujours dans le corridor obscur, quand il nous arriva un accident assez désagréable, qui eut une suite désastreuse du moins pour moi.

Madame K., sortant du salon d’essayage par la porte du corridor, entendit chuchoter. Elle s’avança sur la pointe des pieds, et put arriver jusqu’à nous, au moment où Yégor, qui m’avait accotée suivant son habitude contre le mur, terminait sa besogne et moi aussi. Elle put entendre distinctement les soupirs que nous arrachait le plaisir.

— Ah ! oui, petits polissons ! C’est ainsi que vous faites des saletés dans ma maison. Vous allez les payer cher, toi surtout, effrontée gamine.

Elle alla chercher la marquise qui arriva telle qu’elle était en tenue d’essayage. La patronne nous conduisit dans le cabinet. Là, elle me troussa par devant.