Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 25 —

cordes, mais de la façon dont elle les avait détachées aux fesses de Nadine. Arrivant avec cet élan les nœuds s’incrustaient dans mes chairs à vif m’infligeant un véritable supplice. Je hurlai à chaque cinglée. Les six coups appliqués avec cette violence suffirent pour m’incendier la peau.

J’eus le feu au derrière toute la journée, en poussant l’aiguille, car je dus reprendre mon ouvrage toute la nuit. La pauvre Nadine ne reparut pas à l’atelier.

Un jour une jeune serve de seize ans, qui était là aussi comme apprentie, envoyée par ses maîtres, revint les larmes aux yeux, de porter une toilette à une élégante de la ville. La maîtresse la regarda et n’eut pas de peine à deviner ce qui lui était arrivé.

— Ah ! ah ! On t’a fouettée, ma belle. On a bien fait. Si tu ne l’avais pas mérité, cette dame, qui est la bonté même, ne t’aurait pas fessée. Voyons, qu’as-tu encore fait de travers ?

La jeune serve raconta avec des sanglots dans la voix, qu’elle avait glissé en entrant dans la chambre de la dame, et s’était