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mis à lui livrer la caisse les deux ouvrières qu’elle en avait chargées.

— Madame la marquise, je suis vraiment confuse, dit-elle en nous désignant, du retard que ces deux polissonnes ont mis à vous faire la livraison. Mais nous allons, si vous le voulez bien madame la marquise, les châtier comme il faut de leur négligence impardonnable.

— Si je le veux ! Eh ! oui, je le veux, dit-elle, l’œil flamboyant, qui n’annonçait rien de bon pour nos fesses. Il faut leur apprendre à trotter, à ces serves-là, quand elles vont faire une livraison chez une noble dame. Je me charge de la grande blonde qui doit être la plus coupable.

Nadine ne put s’empêcher de faire une petite grimace avec son nez qui parlait toujours. La marquise vit cette grimace, elle regarda la pauvre fille d’un air féroce, qui semblait lui promettre de lui faire payer cher cette grimace involontaire. Je ne croyais pas avoir si bien deviné.

La patronne nous entraîna dans le cabinet redouté des postérieurs qui y étaient déjà passés, suivie de la plaignante. C’était la