Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 21 —

fesses à force d’être fouettées et fessées, s’étaient arrondies et développées.

Madame m’envoya porter une caisse chez la marquise de L. avec Nadine, une belle fille de vingt ans, blonde comme les blés murs. C’était justement l’orpheline, qui avait passé une misérable jeunesse jusqu’à l’âge de seize ans dans un orphelinat de Moscou, et dont on lira avec intérêt les impressions à la fin de la modiste.

Nous fûmes reçues par un groom très déluré, jeune garçon de quatorze ans, qui me caressa le menton, pelota mes nichons, n’osant pas sans doute prendre les mêmes libertés avec la grande Nadine. Il prit la caisse et la porta dans la chambre de la marquise. Nous nous en retournâmes sans nous amuser, la patronne put le constater, elle était dans l’atelier quand nous rentrâmes.

Personne de plus surprises que nous de voir entrer sans frapper dans l’atelier, madame la marquise de L. qui s’annonça à haute voix. C’était une femme toute jeune, paraissant vingt-cinq ans à peine. Elle venait se plaindre à la modiste du retard qu’avaient