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à la découverte incessante de mon postérieur. Je comptais sans mon hôte. Ici encore j’eus à subir des corrections à tout bout de champ.

Nous étions là une trentaine d’ouvrières et d’apprenties, toutes susceptibles de recevoir le fouet. Quelques-unes étaient comme moi de jeunes serves envoyées là par leurs maîtresses pour y faire leur apprentissage. D’autres étaient des filles de moujiks, louées par leurs parents comme ouvrières gagées dont ils retiraient des bénéfices. Il y avait des orphelines louées par des parents éloignés qui s’en débarrassaient ainsi, il y en avait une qui avait passé une partie de sa jeunesse dans un orphelinat de la ville.

Madame K. était une femme de trente-cinq ans, brune à la façon des Françaises, à la peau très blanche, avec une abondante chevelure châtain foncé, des joues pleines, deux grands yeux noirs qui brillaient sous d’épais sourcils ; un soupçon de moustache estompait sa lèvre supérieure, qui était comme sa jumelle un peu épaisse et d’un beau rouge sensuel. Elle avait une taille au dessus de la moyenne, un corsage riche de