Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 145 —

ne cessaient de pousser des cris de détresse, à chaque coup qui leur meurtrissait les chairs. Elles se secouaient, se tordant sous les affreuses piqûres, les fesses bondissaient en avant, faisant heurter les ventres si fort qu’on entendait le choc.

Les spectateurs applaudissaient à ce jeu cruel, car les fesses empourprées se couvraient de rubis, qui dégouttaient sur les cuisses aux derniers coups plus cruellement cinglés que les autres. Puis il les cingla visiblement entre les cuisses deux ou trois fois, leur arrachant des cris de damnées. Les spectateurs et surtout les dames applaudirent de plus belle, ce qui encouragea le cruel garçon à y détacher après le compte réglé, deux autres coups qui ensanglantèrent les bords.

Quand la séance fut terminée, on nous fit défiler devant le tableau vivant qui passait et repassait sous nos yeux. Elles geignaient pitoyablement, ayant le feu partout, le corps était incendié de la tête aux pieds. Les fesses plus maltraitées ressemblaient à deux soleils couchants constellés de taches de sang.