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Dans l’île de Sakhaline

relatant qu’il fut condamné à dix ans de servitude pénale et cela sans jugement, par le gouverneur lui-même, pour avoir répondu à son gardien ! Les prières qui suivent le prononcer des sentences sont dites en plein air dans la cour, puis on compte les prisonniers et on les enferme dans leurs cellules pour la nuit. Notons que les prisons sont dans un état de malpropreté si incroyable et infestées à un tel point par la vermine que M. Doroshevitch était obligé de brûler ses vêtements après chacune de ses visites dans les geôles.

À cinq heures du matin, été comme hiver, les forçats sont massés dans la cour, sous le vent glacé qui les transperce, presque tous étant vêtus de haillons sordides. L’appel terminé, les prisonniers sont formés en carré autour du triangle, de ce que les Russes nomment la jument. C’est sur cet appareil que sont juchés les prisonniers n’ayant pas été capables de terminer leur besogne de la veille ou ceux qui ont été signalés par les gardiens comme coupables d’un méfait quelconque. L’exécuteur, souvent c’est un forçat mais le plus souvent un gardien sanguinaire, s’avance tenant en main un terrible knout, un fouet aux lanières de cuir dur comme de l’acier, noir du