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Dans l’île de Sakhaline



B ien qu’il y ait cinq ans et plus que l’exil dans les affreux déserts de la Sibérie soit un châtiment rayé du Code pénal russe, tout le monde croit encore que les coupables d’un délit quelconque contre le Czar sont déportés et vont terminer leurs jours dans la solitude et le désespoir au milieu des froides et lugubres steppes. Demandez à un Russe si ses condamnés sont exilés, il s’écriera avec indignation que les temps de l’ancienne barbarie sont passés et que le prisonnier russe est bien traité, à peine un peu moins bien que la racaille de New-York qui expie ses fautes en jouant aux cartes, en éditant un journal dans la joyeuse et saine prison de Sing Sing. Du moins, c’est ce qu’un Russe de bonne éducation disait encore il y a quelques mois.