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Mémoires d’une Danseuse russe

certitude, fut partagé par tous aussi bien que par le coupable lui-même, le marqueur cria le mot magique et bienvenu : « Quatre-vingt-dix-neuf ! » C’était la fin ; le centième coup est toujours omis en signe de mansuétude impériale.

Quand on délia le malheureux, il respirait encore ; on le transporta, tout pantelant, à l’hôpital. La kabyla fut nettoyée à grands seaux d’eau et, pendant ce temps je pris, pour l’examiner, le knout ensanglanté. La principale courroie était de cuir très épais, formant un nœud à la longueur de huit pieds à partir du manche et s’y divisant alors en trois lanières plus courtes. Celles-ci avaient environ trois pieds de long, terminées à l’extrémité non par des pointes en acier comme je l’ai vu souvent assurer à tort, mais par des nœuds si petits et si durs que cela revenait presque au même. Quand je tins ce knout en mains, les courroies étaient presque recouvertes de caillots de sang et de petits morceaux de chair collés au cuir. C’était écœurant et horrible.