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La Flagellation en Russie

avaient fait place à de sourds gémissements et à des sanglots. Une sorte d’excavation, un trou ayant la largeur et la profondeur d’une assiette à soupe, s’était creusé dans la chair et remplie de sang qui débordait sur les bords de la kabyla ; la force des coups s’en trouvait considérablement amortie. Plus le trou s’agrandissait, moins vive était la douleur.

Enfin, après un temps qui m’avait semblé d’une incroyable longueur, le marqueur, tout d’une voix, cria : « Cinquante ! » Le gouverneur dit : « Halte ! »

Alors, le Dr A… s’avança vers le prisonnier, l’examina quelques instants, lui tâtant le pouls et, revenant vers le gouverneur, lui fit un bref rapport verbal sur l’état du condamné. Après une pause d’environ cinq minutes, l’exécuteur et le marqueur changèrent de côté, comme le font des joueurs au cricket.

De nouveau, l’exécuteur reprit sa posture du début. De nouveau, l’ordre fut donné et avec les mêmes cris et les mêmes appels désespérés de la part du coupable, avec le même rythme mécanique, persistant, inlassable de la part de celui qui frappait, la scène se continua jusqu’au moment où, à mon immense soulagement, soulagement qui, j’en ai la