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Mémoires d’une Danseuse russe

étaient appliqués avec une force si soigneusement graduée qu’à la fin de la première série la partie déjà attaquée avait l’air d’être recouverte d’une feuille de papier blanc. On ne voyait pas une goutte de sang.

Jusqu’au vingt-cinquième coup environ, le prisonnier fit des efforts si violents pour se débattre et pour crier qu’il semblait devoir mourir autant par la suffocation que par la flagellation elle-même. Puis, ce fut un silence de mort.

Le seconde partie commença quand le sang se mit à couler, ce qui se produisit plus abondamment à chaque coup et la victime parut en être ranimée. Ce fut là, au point de vue du spectacle, ce qu’il y eut de plus horrible dans le châtiment, bien que pour la victime ce fût une diminution de souffrance. À chaque coup, les trois lanières au bout du knout, comme les serres et le bec d’un vautour, enlevaient des fragments de chair sanglante qui volaient de tous les côtés. Pour les éviter, les fonctionnaires qui étaient en uniformes blancs, et moi, nous dûmes nous reculer de plus en plus jusqu’à une distance considérable. Après que la peau du côté attaqué eut été complètement détachée, les cris du pauvre diable