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La Flagellation en Russie

uniforme. Un instant après je le vis sortir et, sans qu’il ait ouvert la bouche, sauf pour dire : « Khorosho-Pashol » (Allons partons), nous traversâmes tous les trois ensemble la rue et pénétrâmes dans la prison qui se trouvait en face.

Dans la cour, où se tenait une garde militaire massée au centre, juste en face la cellule réservée aux criminels, je vis un grand banc de bois, long et étroit, mais qui paraissait excessivement solide, mesurant environ quatorze pouces de long et dont chaque extrémité était percée de trous. C’était la « kabyla » ou la jument, c’est-à-dire la table pour flagellation.

De la cellule qui se trouvait auprès, deux gardes sortirent, amenant le criminel. Le Dr A… s’approcha et lui ausculta une fois encore la poitrine.

Débarrassé de ses menottes, le prisonnier s’étendit tout de son long sur la kabyla, le visage contre le bois. Au moyen de courroies que l’on fit passer par les trous ménagés à chaque extrémité, il fut attaché solidement par les chevilles, les jambes, la poitrine et les bras, à peu près comme on attache les suppliciés à la Roquette.

À une distance de huit pas environ, en face de la kabyla, du côté de la tête du criminel, se tenaient,