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Mémoires d’une Danseuse russe

directement chez lui. Je me pris alors à songer qu’il devenait peut-être urgent que je m’en aille et cesse de l’embarrasser plus longtemps de ma présence. Mais à peine avions-nous franchi le seuil de sa porte qu’on vint dire que le dîner nous annonçait depuis longtemps et Madame S… elle-même nous poussa presque dans la salle à manger. Nous nous mîmes donc à table sans souffler mot, le gouverneur et moi, du dîner que nous venions de prendre.

Quatre heures allaient sonner quand nous finissions et pas un seul mot n’avait encore été prononcé, si ce n’est sur des choses sans importance et qui ne nous intéressaient en aucune façon.

À mon grand soulagement, le Dr A… entra dans la maison et, le voyant marcher un peu au hasard en donnant des marques d’inquiétude, je le rejoignis comme par hasard. Après un échange de politesses, je lui dis que l’heure étant avancée, l’affaire dont nous étions préoccupés avait sans doute été remise. Sa seule réponse fut : « impossible », mot qu’il prononça presque à voix basse.

J’entendis à ce moment remuer dans une chambre voisine où se trouvait le gouverneur, et le bruit de son sabre me fit comprendre qu’il se mettait en grand