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La Flagellation en Russie

m’étais mis en tête de voir jusqu’au bout, à moins qu’il ne s’y opposât formellement.

Au-dessus du banc des juges, on voyait suspendus les habituels chromos représentant le czar et la czarine. Sauf un siège pour le greffier, il n’y avait de meuble d’aucune sorte dans la salle, le public n’assistant jamais aux jugements.

Quelques minutes s’écoulèrent, puis on entendit un bruit de chaînes, le martèlement d’une marche de soldats : le coupable venait d’entrer dans le bâtiment. Le gouverneur prit place sur le siège élevé qui lui était destiné et l’on découvrit, en enlevant une serge verte qui le cachait, une sorte de surtout d’argent. Cette pièce d’orfèvrerie, comme la masse en d’autres pays, symbolisait la présence royale. Le greffier, également en grand uniforme comme le gouverneur, ayant accompli cette cérémonie, vint avec beaucoup de solennité prendre sa place officielle. Il fit alors un signe, les portes s’ouvrirent et cinq soldats dont deux avaient à la main un revolver chargé, amenèrent le prisonnier. Celui-ci était lié très étroitement, chargé de lourdes chaînes qui le tenaient aux chevilles, aux jambes, à la taille et aux poignets ; une de ces chaînes le liait de chaque côté à un soldat.